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Les didascalies peuvent être réinterprétées par le metteur en scène
Aurélie Boulet et Hervé Lehman, avocats à la cour





Dans une décision obtenue par le cabinet AVENS le 29 janvier 2019, la Cour d’appel de Paris a jugé que le metteur en scène n’était pas lié par les didascalies écrites par l’auteur de la pièce.
Cette décision instaure un juste équilibre entre les droits de l’auteur de la pièce, et les droits du metteur en scène.
L’auteur d’une pièce de théâtre reprochait à son coauteur, également mettre en scène de la pièce, d’avoir porté atteinte à son droit moral en ne respectant pas à la lettre les didascalies du texte.
Aux termes d’une décision confirmative du 29 janvier 2019, la Cour d’appel de Paris reconnaît au metteur en scène une liberté dans l’adaptation scénique des didascalies:
« Les didascalies sont des indications notamment scéniques données par l’auteur au metteur en scène et aux acteurs, qui leur sont utiles pendant le travail de répétition, et qui aident le lecteur à comprendre ce qui se passe sur la scène et à imaginer l’action et les personnages.
Outre les didascalies initiales, placées en début de texte et qui listent les personnages, les décors ou les lieux, les didascalies placées à l’intérieur des textes permettent d’indiquer le personnage qui parle, ses actions, le ton de ses paroles.
Il s’agit cependant d’indications de l’auteur destinées à aider le lecteur à comprendre le contexte de l’action ou l’évolution des personnages, qui peuvent être interprétées par le metteur en scène et les acteurs jouant l’oeuvre au théâtre tout en veillant au respect de l’esprit de l’oeuvre. »
Pour rendre cette décision, la Cour d’appel s’est notamment appuyée sur de nombreuses attestations « de metteurs en scène, auteurs et acteurs » versées aux débats par le cabinet AVENS, « confirmant que les didascalies, si elles constituent des indications précieuses pour le metteur en scène comme pour les acteurs et les lecteurs afin d’appréhender au mieux une oeuvre, ne sauraient toutes lier de manière impérative la mise en scène (…). »
Cette décision est importante puisqu’elle instaure un juste équilibre entre, d’une part, les droits de l’auteur du texte et, d’autre part, les droits du metteur en scène (également auteur au sens du code de la propriété intellectuelle).